Le ministère gabonais de l’intérieur a depuis quelques mois annoncé la tenue des élections législatives au plus tard en début d’année 2019.
Dès lors, on assiste à véritable bal de sorciers politiques. Comme à l’accoutumée depuis 1990 date de l’instauration du pseudo véritable multipartisme au Gabon, les partis naissent comme des champignons, d’autres qui avaient longtemps disparus refont surface.
Entre 2015 et 2018 on dénombre la naissance d’au moins 10 partis politiques dans un pays de moins de deux millions d’habitants où le paysage politique compte plus d’une cinquantaine de partis.
Le Rassemblement Héritage et Modernité (RHM) , Démocratie Nouvelle (D.N), Les Démocrates (LD) , Union et Solidarité (U.S), Pour le Changement (P.L.C), Challenge Nationaliste (C.N), Le Gabon Nouveau (LGN) , Mouvement Populaire des Radicaux (M.P.R), Union des Patriotes Gabonais Loyalistes (UPG-L), Alliance Pour le Changement et le Renouveau (A.C.R), Souverainistes Ecologistes, autant de partis dont il est difficile d’évaluer le véritable poids et l’offre politiques. Il est même difficile de les classifier, certains d’entre eux se définissent libéraux d’autres socialistes progressistes voire même centristes.
Difficile de croire que ces partis aient chacun 9000 adhérents comme l’exigent les textes gabonais en la matière. De ce fait, une question subsiste, sur 63 partis à raison de 9000 membres par parti, la totalité des adhérents s’élèverait à 576000 membres, or il est difficile de trouver 20 partis au Gabon implantés sur l’ensemble du territoire nationale : d’où proviendraient donc tous les militants de ces partis, sachant que tout le collège électoral ne réside pas qu’à Libreville dans la capitale du Gabon ? Comment peut-on expliquer les boycotts , les faibles taux de participation aux différentes élections et le manque d’implication des citoyens gabonais ?
Toute ce méli-mélo est révélateur d’un fait : l’echec de la politique et surtout des partis politiques au Gabon. Ces partis qui brillent par leur absence, jamais au chevet du bas peuple lorsque celui-ci est meurtri, aucune implication véritable lors du débat national sur des questions cruciales comme les révisions constitutionnelles, la question du Franc cfa ou encore les ressources minières telles que l’or exploitée, non déclarées au FISC.
Il va sans dire que les partis politiques gabonais sont une plaie, des instruments au service d’un homme, d’un clan, ils sont rarement le relais d’une cause, leurs textes n’ont aucune valeur car ils ne guident pas l’action de leurs membres.
En conséquence, le peuple gabonais doit trouver le courage de tourner le dos à ces structures afin de réinventer la politique au Gabon. Ces partis politiques ne servent pas à alimenter la vitalité démocratique, ils sont obsolètes et institutionnalisent l’immobilisme. Leur présence est très maladroite, surtout dans un environnement où la constitution elle-même n’est pas respectée.
Depuis 1990, près de 58 partis politiques ont vu le jour au Gabon, soit en moyenne 2 partis qui naissent chaque année. Pourtant le quotidien des gabonais, leur culture politique et leur seuil critique n’ont pas beaucoup évolué. Mieux, si évolution il y’a eu, ce n’est pas l’œuvre des partis politiques, c’est plutôt le résultats d’une démarche personnelle du citoyen gabonais et des actions menées par certains syndicats.
Dans la perspectives de l’élection législatives, le Parti Démocratique Gabonais adopte une attitude mi-figue mi-raisin au profit de nouveaux mouvements tels que l’Association des Jeunes Volontaires Emergents (l’A.J.E.V), cette structure est la preuve d’une programmation de la mort lente d’un parti cartel, souvent transformé en organisation politique ‘’attrape-tout’’.
De même que l’opposition, déjà divisée se fragmentera d’avantage. Il est fort probable que le premier arrondissement de Libreville, pour ne citer que ce cas, soit courtisée par une dizaine de formations politiques dont le Parti Démocratique Gabonais, l’Union Nationale, Démocratie Nouvelle, le Rassemblement Héritage et Modernité, l’Alliance pour le Changement et le Renouveau (A.C.R) , le Challenge Nationaliste, Pour Le Changement (PLC), le Parti Social-Démocrate (PSD), l’Association AJEV, Gabon Nouveau et un nombre important de candidats indépendants.
Comme par le passé, vraisemblablement, après les élections législatives qui pointent à l’horizon, tous ses partis retrouveront leur place naturelle, c’est-à-dire l’anonymat.
Seul hic, cette cacophonie politique renforce l’éloignement du citoyen gabonais des partis politiques et décrédibilise d’avantage la compétition politique au Gabon. C’est inévitable, les partis politiques dans leur configuration actuelle doivent disparaitre, sinon ils deviendront d’avantage des coquilles vides.
Analyse.