Chaque année, le 17 août, les gabonais se ruent vers le boulevard triomphale de Libreville, afin de commémorer l’accession du Gabon à la souveraineté internationale.
Pourtant, la souveraineté, c’est le fait pour un Etat de n’ être soumis à aucun autre Etat tant sur le plan militaire, économique, politique ou encore culturel. Cela revient à dire qu’un pays souverain ou indépendant est avant tout celui qui possède certains attributs de souveraineté : une monnaie, une langue, une armée, une exclusivité du contrôle du territoire, une économie, voire une industrie militaire et une indépendance énergétique.
Dans le cas du le Gabon, l’on peut dire sans risque de se tromper que la souveraineté est loin d’être une réalité .
D’abord parce que l’ économie du pays reste tributaire d’une monnaie que l’Etat ne contrôle pas: le franc CFA, cette monnaie qui est une propriété de la France qui possède un droit de véto sur toutes les décisions y relatives , et dont les billets sont imprimés en France à Chamalières.
Ensuite, il existe une présence militaire étrangère sur le sol gabonais. En effet, depuis des décennies le 6 ème Bima, un bataillon français armé et équipé est installé en face de la base militaire aérienne gabonaise à Libreville.
Or , le Gabon est un pays stable, de plus cette présence militaire n’a jamais fait l’objet d’un débat au parlement ou d’un référendum. Elle est donc inconstitutionnelle et porte atteinte à la souveraineté du Gabon car le peuple gabonais n’a jamais sollicité une présence permanente d’une force étrangère sur son sol pour quelque raison que ce soit.
Plus grave, ces militaires français sur le territoire gabonais n’ont aucune responsabilité pénale et délictuelle, ils ne paient aucun loyer, aucune taxe. Cela signifie qu’un soldat français au Gabon est libre de tuer un citoyen ou de poser n’importe quel acte sans qu’il n’ait à répondre devant les juridictions compétentes.
Les forces françaises au Gabon sont donc au-dessus de la loi et de la constitution gabonaise. Pourtant l’article 3 de la constitution gabonaise stipule que la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce directement, par le référendum ou par l’élection selon les principes de la démocratie pluraliste et indirectement par les institutions constitutionnelles.
Si l’on peut supposer que le Président de la République qui est élu au suffrage universel direct, qui est aussi un organe de garantie constitutionnelle puisse prendre certaines décisions importantes comme le lui concède la constitution de la République gabonaise, il n’en saurait être le cas pour des questions vitales telles que la sécurité nationale et la souveraineté, sans consulter son peuple.
La configuration militaire, économique, politique et culturelle du Gabon actuelle permet-t-elle de parler d’indépendance ?
Ce 17 aout 2018, dans une période de crise où le pays est soumis à une politique d’ajustement structurel émanant du Fond Monétaire International, avec une présence militaire française dont les véritables raisons de fonds échappent aux gabonais, sans oublier la présence des forces maritimes étrangères sur les mers gabonaises via les missions Corymbe et asecmar, une réflexion s’impose sur la direction que les autorités gabonaises entendent donner au pays et aux jeunes générations.
L’abandon des langues nationales gabonaises , le rejet systématique des croyances locales et l’allégeance à des codes moraux étrangers doivent susciter de vrais questionnements.
L’indépendance et la liberté riment-elles avec l’assimilation totale et la négation de soi ou doivent elles au contraire engager les gabonais vers une reconquête d’un nihilisme afin qu’ils redeviennent eux-mêmes.
Quoi qu’il en soit, le Parlement, les hommes politiques gabonais, voire les intellectuels devraient se saisir de la problématique d’une véritable souveraineté nationale et expliquer aux gabonais les dessous des accords qui maintiennent une force militaire étrangère sur un territoire réputé être stable.
En attendant… indépendance cha cha !!
Analyse.
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Un soldat français au Gabon est libre de tuer un citoyen sans qu’il n’est à répondre devant les juridictions du pays ? Vrai vrai ?
Eh oui, c’est ça la triste réalité.