Il est important de reparler de l’organisation Umkhoto We Sizwe plus de 50 ans après sa création.
Tout d’abord, l’Afrique du Sud était sous le régime de l’apartheid. Un système de ségrégation raciale officiellement instauré en 1948 par le Parti national au pouvoir.En effet, l’apartheid imposait une division entre les différentes populations du pays, principalement entre la minorité blanche et les noirs. De ce fait, les lois de l’apartheid privaient les populations non blanches de droits politiques, économiques et sociaux fondamentaux, les confinant à des zones spécifiques et les soumettant à une discrimination systématique.
Formation d’Umkhonto we Sizwe.
Face à cette oppression raciale, le Congrès national africain (ANC), principal mouvement de libération, cherchait des moyens de résister pacifiquement à l’apartheid. Cependant, en raison du manque de progrès dans la lutte pour l’égalité, des voix au sein de l’ANC, dont Nelson Mandela et Walter Sisulu, pensaient qu’il était temps d’envisager des tactiques de résistance plus directes.
Le 16 décembre 1961, l’ANC créé Umkhonto we Sizwe. Umkhoto We Sizwe (abrégé en MK) est le bras militaire de la lutte anti-apartheid. Nelson Mandela devient le premier commandant en chef, avec comme objectif de mener une lutte armée contre le régime.
Stratégies de lutte.
Umkhonto we Sizwe a commencé par des opérations de sabotage ciblant des infrastructures gouvernementales et économiques, comme les centrales électriques, les postes de police, les lignes de chemin de fer. De fait, ses actions visaient à perturber le fonctionnement du gouvernement de l’apartheid et à montrer sa vulnérabilité.
Cependant, le MK a évité de cibler des vies humaines, privilégiant le sabotage pour éviter de tomber dans le terrorisme. Leur but était de déstabiliser l’État et de montrer que l’apartheid n’était pas invincible.
Répression gouvernementale contre l’Umkhoto We Sizwe.
Comme il fallait s’y attendre, le gouvernement sud-africain a réagi violemment à la résistance de l’ANC et d’Umkhonto we Sizwe. Les membres de l’organisation ont été traqués, arrêtés, torturés et parfois tués par les forces de sécurité.
Le procès de Rivonia.
En 1963, la police a réussi à infiltrer le MK et à arrêter plusieurs dirigeants de l’organisation, dont Nelson Mandela, Walter Sisulu, Govan Mbeki, Dennis Goldberg, Ahmed Kathrada et d’autres. Ils ont été jugés lors du procès de Rivonia, qui a duré de 1963 à 1964.
Lors de ce procès historique, les dirigeants d’Umkhonto we Sizwe ont été accusés de sabotage. Mieux, de complot visant à renverser le gouvernement et de préparation d’une guerre civile.
Ils ont utilisé le procès comme tribune pour exposer les injustices de l’apartheid au niveau international. Bien que la peine de mort ait été requise pour eux, ils ont finalement été condamnés à la prison à vie, évitant ainsi l’exécution.
Héritage et impact de l’Umkhoto We Sizwe.
Umkhonto we Sizwe a joué un rôle crucial dans la lutte contre l’apartheid en Afrique du Sud. Son engagement dans la résistance armée a attiré l’attention internationale sur les souffrances du peuple sud-africain sous le régime raciste. Les actions du MK ont également contribué à intensifier les sanctions internationales et à isoler le gouvernement de l’apartheid.
L’organisation va continuer à opérer malgré les difficultés causées par l’arrestation de nombreux dirigeants et membres. La lutte du MK et d’autres organisations de libération et des mouvements internationaux a conduit à l’effondrement de l’apartheid.
Avec le démantèlement de l’apartheid et l’avènement de la démocratie en Afrique du Sud, Umkhonto we Sizwe a été dissout en 1990. Mandela, libéré en 1990 après 27 ans de prison, devient l’homme clé dans les négociations de transition. Il est devenu le premier président démocratiquement élu de l’Afrique du Sud en 1994.
Mémoire collective.
Umkhonto we Sizwe est largement considéré comme un symbole de la lutte pour la liberté, l’égalité et la justice en Afrique du Sud. Son rôle dans la libération du pays reste gravé dans l’histoire nationale et internationale.
Umkhoto We Sizwe plus de 50 après, en parler est l’expression plus éclatante de l’histoire. Une partie de l’histoire de libération de l’Afrique.
https://www.cairn.info/revue-alternatives-non-violentes-2017-4-page-3.htm