En observant notre société gabonaise ces 14 dernières années, on a certes assisté à une dégradation du tissu économique, une altération et une atrophie des rêves et des espérances des gabonais mais une autre tare s’est développée sans qu’elle ne fasse l’objet de grandes dénonciations. C’est le Tribalisme.

Qu’est-ce que le TRIBALISME ?

Le tribalisme est un phénomène social et politique caractérisé par une forte identification et une loyauté envers un groupe ethnique ou tribal spécifique. Il se manifeste par la préférence, la protection et la promotion des intérêts de ce groupe au détriment d’autres groupes au sein d’une société donnée. Le tribalisme peut entraîner la discrimination, la ségrégation et la formation de relations sociales basées sur des affiliations ethniques, créant ainsi des divisions et des tensions au sein de la population. Cette pratique influence les choix politiques, économiques et sociaux, compromettant souvent l’unité nationale et entravant le développement équitable des communautés.

Dans notre pays, il s’invite au quotidien dans les échanges entre citoyens. Sur les réseaux sociaux n’en parlons même pas ! D’ailleurs, il est l’un des sous-jacents de la fracture politique permanente au Gabon. En effet, il n’est pas rare de voir des citoyens ou leaders d’opinion prendre position face à une situation ou choisissant de garder le silence selon que, cette situation est à l’avantage ou au désavantage d’une personne faisant partie ou proche de leur clan ou ethnie.

Ainsi, perd-on toute lucidité et on créée les conditions d’une fracture sociale. Se développe également un sentiment d’hostilité entre les groupes ethniques. En encourageant la séparation plutôt que l’unité, le tribalisme affaiblit le tissu social essentiel à la prospérité et à la stabilité de notre Nation.

On peut d’ailleurs observer que depuis le début de la transition amorcée le 30 août 2023, des voix se sont élevées au sein de l’opinion publique gabonaise à travers les réseaux sociaux. Plusieurs Gabonais se sont indignés des nominations au sein de l’administration publique sur fond de népotisme. Il faut dire que cette situation ne date pas d’aujourd’hui puisqu’au Gabon, depuis la période allant de 1967 à 2009 durant laquelle Omar Bongo a gouverné, ces comportements étaient légion. Ils ont eu comme conséquence la naissance d’une administration fortement tribalisée et ethnicisée.

Toutefois, les gabonais espéraient qu’avec la chute d’Ali Bongo Ondimba et son gouvernement, la gouvernance prendrait radicalement une autre direction.

Hélas ! On observe non seulement un retour en force des personnalités très proches de l’ancien sérail et appartenant au parti Démocratique Gabonais (PDG) mais comme dit précédemment, une recrudescence des actes de népotisme au sein de l’administration.

De ce fait, tout ceci tant à ralentir le progrès, la bonne marche du pays et noyer les talents, les compétences. Une véritable bombe à retardement.

C’est pourquoi, Il faut considérer le tribalisme comme une maladie, une pathologie pour les citoyens que nous sommes mais également pour la société dans son ensemble. Le tribalisme est après le néocolonialisme en cours, l’impérialisme et le néolibéralisme, le plus grand danger de nos sociétés africaines en générale et du Gabon en particulier.

Le tribalisme donne naissance à des préjugés qui mettent en péril la cohésion nationale.

 Ces préjugés tribaux simplifient la complexité des individus et entravent le potentiel collectif en empêchant une collaboration fructueuse. Il refuse de considérer l’autre selon ses compétences ou ses aptitudes en ne privilégiant que son ethnie.

Ainsi, le tribalisme est-il une maladie sociale qui engendre l’inégalité en dignité humaine et érige des barrières artificielles entre citoyens. Disons-le clairement, le tribalisme est une menace pour la justice et la dignité humaine.

Plus grave, il affecte la perspective individuelle et collective en créant des mécanismes de défense psychologique déformés et engendre des réactions irrationnelles envers des membres d’autres groupes.

C’est pourquoi, nous devons l’éradiquer afin de faire triompher l’Unité Nationale.

Nous devons avant tout changer de narratif, faire comprendre aux fils et filles du Gabon qu’ils appartiennent à une Nation qui repose sur des valeurs communes qui sont des valeurs Bantou et Pygmée. Ils ont en partage la nationalité gabonaise qui n’est plus qu’une résultante du fait colonial comme on veut le faire croire mais bien au contraire, l’expression de la determination de vivre ensemble.

Pour ce faire, on pourrait songer à une Initiative Bantou-Pygmée (IBP). Une sorte d’organe qui regroupera des membres provenant de toutes les provinces du Gabon. Avec pour mission de promouvoir des initiatives qui renforcent l’unité nationale telle que la fête de l’Unité Nationale et des Cultures. Elle devra également mener des études afin d’identifier les principaux obstacles à la concrétisation de l’unité nationale. Ce sera également une sorte de comité de veille qui travaillera en étroite collaboration avec les chefs de quartier, les collectivités locales, les établissements et les universités afin de briser les barrières et les préjugés à tous les niveaux.  L’Initiative Bantou- Pygmée sera l’acteur majeur de la construction d’un nouveau discours national.  

L’objectif étant aussi que nous arrivions à mettre sur pieds des administrations où l’on ne retrouve pas plus de 49% des membres d’une même ethnie ou d’un même clan. En effet, notre administration devra être certes méritocratique mais également inclusive et multiethnique.

Idem pour les responsables politiques et institutionnels qui ne devront pas avoir au sein de leurs cabinets plus de 30% des personnes apparentées à eux.

Si cela est nécessaire, nous pourrons même adopter une loi nationale contre le tribalisme.

Notre Unité Nationale n’a pas de prix et aucun sacrifice n’est trop grand pour la réaliser parce que c’est le socle de notre Socialisme Gabonais et de notre survie.

A terme, nous devons construire une Nation où la cohésion, l’égalité, l’équité, le respect mutuel, la considération réciproque et la liberté règnent.