L’urgence du moment.
Le Gabon, comme de nombreux pays africains (Burkina-Faso, Mali, Niger, Tchad) traverse actuellement une période de transition politique importante. Dans ce contexte, les nouvelles autorités ont opté pour la création d’un Sénat de Transition. Cependant, il est essentiel de se demander si une telle initiative est réellement nécessaire et opportune pour le Gabon. Cette réflexion vise à mieux éclairer l’opinion afin de contribuer au débat citoyen pour une transition réussie.
C’est pourquoi, il est important de présenter des arguments solides pour démontrer que la mise en place d’un Sénat de Transition n’est en réalité ni nécessaire ni judicieuse à ce stade.
Les motivations
En premier lieu, la démographie gabonaise ne justifie pas un Sénat de Transition. Le Gabon a une population relativement modeste par rapport à sa superficie et à son potentiel économique. Dans un pays de cette taille, la création d’une deuxième chambre parlementaire engendrerait des coûts budgétaires considérables. Le nombre limité de citoyens ne justifie pas une dépense supplémentaire pour entretenir un sénat, d’autant plus que de nombreux pays avec une population bien plus importante ne recourent pas au bicamérisme, Ce sont entre autres : la Suède (Riksdag), la Norvège (Storting), la Grèce (Vouli) , la Nouvelle-Zélande (House of Representatives), Israël (Knesset) avec 9 millions d’habitants et la Zambie (National Assembly) ce dernier compte 19 millions d’habitants.
De plus, le contexte économique gabonais est difficile. Le Gabon fait face à des défis économiques majeurs, notamment une dette nationale croissante et une fracture sociale grandissante. Dans ce contexte, allouer des ressources financières pour rémunérer les sénateurs et maintenir le fonctionnement du Sénat de Transition est une décision discutable. Les fonds ainsi dépensés pourraient être plus efficacement utilisés pour répondre aux besoins essentiels de la population, tels que l’emploi et l’éducation. Par exemple, les salaires des sénateurs et les dépenses liées au Sénat pourraient financer des postes pour des enseignants et des infirmiers, contribuant ainsi à l’amélioration de l’éducation et des soins de santé au Gabon.
Une autre considération importante est le risque potentiel pour la future république gabonaise. La création de ce Sénat de Transition pourrait rendre difficile la suppression de cet organe une fois la transition achevée. Les actuels sénateurs et membres de la classe politique pourraient s’opposer vigoureusement à la suppression du Sénat, arguant qu’il fait désormais partie intégrante du système politique. Cela pourrait entraver la mise en œuvre de réformes profondes nécessaires pour construire une nouvelle république plus efficace et démocratique.
Au lieu de remédier aux problèmes existants, cela reviendrait à ajouter simplement une couche de vernis sur les institutions de l’ancien système.
Enfin, il est important de noter que les prérogatives du Sénat ne sont pas exclusives et peuvent être déléguées à l’Assemblée nationale. La redondance des prérogatives entre les deux chambres parlementaires risquerait de créer une bureaucratie inutile et d’entraver la prise de décision rapide, ce qui est particulièrement problématique dans une période de transition où des actions rapides et efficaces sont nécessaires.
On peut toutefois comprendre que la démarche des autorités de la transition est surement de faciliter le dialogue politique, récompenser les différents acteurs qui se sont battus pour l’alternance, mettre un terme aux tensions entre majorité et opposition. Cela dit, une alternative plus efficace aurait pu être trouvée.
Considérations finales.
En conclusion, la création d’un Sénat de Transition au Gabon ne semble ni nécessaire ni opportune. Les défis économiques, sociaux et budgétaires actuels plaident en faveur de l’allocation prudente des ressources disponibles. Au lieu de dépenser des fonds pour maintenir une deuxième chambre parlementaire, il serait préférable de concentrer les efforts sur des projets visant à améliorer directement la vie des Gabonais. La décision d’éviter la création du Sénat de Transition en faveur d’une approche plus pragmatique et économique serait un pas dans la bonne direction pour le Gabon pendant cette période cruciale de transition.