Gabon: discours de haine et risques d’embrasement ?

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La récente sortie de l’association Ossimane a choqué plus d’un Gabonais. En effet, ce rassemblement, censé apporter un soutien au Chef de la transition et promouvoir le vote du “oui” des “ressortissants” de la province du Woleu-Ntem, a très vite tourné à la tenue d’un discours régionaliste aux relents ethno-fascistes. Surprenant ! Surtout lorsque l’on constate que, dans ce panel, il y avait non seulement la présence de certains membres du comité constitutionnel, mais aussi des personnalités gabonaises bien connues.

En effet, au cours de cette rencontre, Marc Ona Essangui, ancien membre de la société et actuel vice-président du Sénat, n’est pas passé par quatre chemins. Il a, dit-il, tenu à s’adresser à l’assemblée en langue Ntoumou car ils sont entre eux.

La substance de son discours est la suivante : « Il ne faut pas que l’on se trompe, la chaise sur laquelle nous sommes assis aujourd’hui n’est pas une blague, c’est la chaise (le pouvoir) du Woleu-Ntem. Je dis des choses vraies car nous sommes entre nous. Dans les jours qui arrivent — je ne dis pas les mois, je ne dis pas les semaines ; je dis bien dans les jours qui arrivent — il y aura quelque chose d’important à faire (Référendum NDLR). On devra faire tout ça en étant un. Le petit qui a pris le pouvoir, notre enfant ( le chef de la transition NDLR)», nous a dit qu’il ne veut pas entendre que quelqu’un a une voix divergente d’une autre. Il ne veut pas entendre que vous êtes deux ou que nous sommes trois. Il veut que nous soyons un. Pendant l’événement à venir (référendum), on ne devra être qu’un. En effet, quand les femmes vont pêcher ou planter, elles le font ensemble et par la suite, elles se partagent la récolte.Chez nous, quand on va à la pêche et que l’on attrape le silure par la tête, on ne le lâche pas même s’il se débat. C’est la même chose avec la chaise (le pouvoir) sur laquelle nous (le Woleu-Ntem) sommes assis. Est-ce que nous pouvons accepter que quelqu’un vienne nous enlever de cette chaise-là, nous la ravir ? Les autres savent comment on se bat chez nous. Quand on attrape quelque chose, est-ce que c’est pour lâcher prise ?» (Entendez par là : quand on a pris le pouvoir, est-ce qu’il peut encore nous échapper ?).

Aussi, au cours de l’échange, Marc Ona Essangui s’est mis à chanter une chanson qui peut être traduite en ces termes : « Si la chose que nous avons nous échappe, si on la laisse glisser entre nos mains, le pays est foutu. » Ça peut également être traduit selon le contexte du discours de la manière suivante : « Si le pouvoir nous échappe, on gaspille tout ; ce sera la terre brûlée. On ne peut le laisser basculer chez les autres. On ne se laissera pas faire. »

Il n’a d’ailleurs pas manqué de poser la question suivante au public : « N’est-ce pas nous qui sommes enfin assis sur cette chaise-là (au pouvoir) ? »

Fait surprenant, le membre du Sénat de transition n’a pas fait appel au cours de son allocution à des arguments de raison ou de bon sens pour convaincre son auditoire. Il a plutôt choisi de jouer sur la fibre ethnique en ayant recours à l’imagerie traditionnelle et clanique afin de convaincre son auditoire de soutenir le Président de la transition Oligui Nguema et de voter “oui” au référendum à venir.

Par ailleurs, si ces propos peuvent choquer, on comprend mieux et en partie, les motivations cachées derrière les appels à voter “oui” pour un très long mandat de sept ans. Il s’agit en réalité de rester le plus longtemps possible à la présidence de la République avec un régime hyper-présidentiel afin de mieux s’enraciner, tribaliser l’administration, domestiquer le pouvoir et asseoir sa domination sur les autres peuples que l’orateur exclut en utilisant le “nous”.

On peut aussi se demander si ce ne sont pas finalement ces considérations qui poussent certains compatriotes qui brillent par une volonté d’instaurer au Gabon un ethnosuprémacisme à soutenir bec et ongle une constitution qui veut exclure les Gabonais de la diaspora des scrutins présidentiels.

Sinon, comment justifier des discours qui portent les germes des scissions identitaires au nom d’une supposée paternité du pouvoir et de sa conservation ?

Pourtant, le Gabon appartient à tous ses enfants et si les souvenirs des Gabonais sont bons, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) n’est pas une organisation clanique mais plutôt un regroupement de membres des forces de défense et de sécurité appartenant à toutes les régions du Gabon.

De la Nécessité de Préserver l’Unité Nationale

Malgré ce forcing, il faut tout de même souligner que le Gabon est un et indivisible et que, comme l’ont souligné certains compatriotes originaire du septentrion ou non, tout le monde n’adhère pas à ce genre de bassesse ; tout le monde n’est pas d’accord avec ces discours aux relents tribalistes et fascistes.

Il ne faut donc pas tomber dans le piège de l’ostracisme à l’endroit de certains compatriotes qui se sentent Gabonais avant tout et ont toujours lutté pour l’avènement d’un changement véritable au sein de notre nation.

L’Unité Nationale Mise à Rude Épreuve ?

L’unité nationale, quoique fragile voire embryonnaire, doit se construire et se renforcer. Les Gabonais doivent se battre pour atteindre l’union sacrée de la nation Bantou-Pygmée. La transition quant à elle est l’occasion pour le Gabon de montrer un autre visage et d’éviter les erreurs qui ont conduit aux génocides burundais en 1972 et rwandais en 1994.

Un Silence au Sein de l’Opinion Publique

Il est surprenant de constater qu’un discours aussi incendiaire et qui met en danger l’unité nationale fragile du pays ne suscite pas une grande indignation au sein d’une part de la classe intellectuelle gabonaise et d’autre part parmi les acteurs de la transition. Il est évident que ce genre de discours n’augure rien de bon pour l’avenir de notre pays.

Que Retenir ?

Cette sortie malheureuse du vice-président du Sénat témoigne une fois de plus qu’au Gabon il existe un sérieux problème d’identité répliquée et des velléités ethno-fascistes chez certains citoyens. D’où la nécessité pour le peuple gabonais d’éviter de tomber dans le piège proposé par cette constitution.

Imaginez un seul instant sept longues années d’un mandat présidentiel avec des personnes prônant telles idées ; imaginez sept longues années d’hyper-présidentialisation.

C’est pourquoi il faut exiger un mandat renouvelable une seule fois d’une durée de quatre ou cinq ans ; un système avec un chef exécutif normal et non pas un aux super-pouvoirs qui devient l’otage des intérêts des clans et des multinationales.

Marc Ona Essangui, délivrant son message.

1 réflexion sur “Gabon: discours de haine et risques d’embrasement ?”

  1. Incohérence idéologique et positionnement opportuniste de Marc Ona Essangui

    Marc Ona Essangui, une figure bien connue pour son « activisme » en faveur de la transparence et de la bonne gouvernance, adopte à notre avis un virage troublant en affichant publiquement son soutien à un régime militaire dirigé par Brice Oligui Nguema. Cet appui soulève plusieurs interrogations quant à la cohérence de ses convictions. Comment peut-on, d’une part, combattre pour la démocratie et la transparence, et d’autre part, soutenir un pouvoir militaire dont l’accession s’est faite par un coup d’État que certains appellent maintenant « coup de libération » ?

    L’un des éléments les plus frappants est la contradiction flagrante entre le rejet historique de la dictature par Ona Essangui et sa nouvelle adhésion à un régime qui, bien qu’il soit présenté comme un « sauveur », reste non élu et consolidé par la force des armes. Ce double discours révèle une incohérence idéologique dangereuse pour un homme qui a, par le passé, dénoncé la corruption et le pouvoir absolu. Cette attitude peut apparaître comme un opportunisme politique, compromettant la crédibilité de son engagement passé. En ce sens, le soutien de Mrc Ona Essangui semble manquer de toute analyse critique du bilan de Brice Oligui Nguema depuis son arrivée au pouvoir. Plutôt que de soumettre ce dernier à un examen rigoureux, il se contente de lui accorder une confiance aveugle, ce qui pose des questions sur la nature même de son rôle en tant que leader d’opinion. En tant qu’activiste ayant longtemps plaidé pour plus de justice et de transparence, il serait attendu de lui qu’il interpelle Oligui Nguema sur ses engagements, ses actions concrètes en faveur du changement démocratique, et surtout sur sa vision à long terme pour le Gabon. Ce manque d’interrogation critique est dangereux, car il banalise l’idée que la simple chute d’un ancien régime suffit à garantir un avenir meilleur sans remise en question constante des nouveaux dirigeants. Cela promeut une sorte de suivisme aveugle, loin de l’esprit critique nécessaire pour préserver les idéaux démocratiques. En omettant de poser des questions cruciales sur la transition en cours, il légitime un pouvoir qui pourrait potentiellement reproduire les erreurs du passé.

    Le discours de Marc Ona Essangui, en apportant un soutien non nuancé à Brice Oligui Nguema, risque de renforcer une dynamique autoritaire sous prétexte de stabilité. L’histoire nous enseigne que les régimes militaires, même lorsqu’ils s’installent sous des promesses de réformes, tendent à privilégier la consolidation du pouvoir personnel au détriment des libertés civiles et de la démocratie. Par son soutien, Marc Ona Essangui joue un rôle dans la légitimation d’un tel régime, oubliant que le contrôle absolu d’un pays par une élite militaire peut rapidement glisser vers des abus de pouvoir et des restrictions des droits fondamentaux. Cet alignement sur un pouvoir militaire soulève également la question de l’hypocrisie dans son engagement contre la tyrannie. Il est dangereux de croire qu’un tel pouvoir, même s’il apporte une certaine « stabilité » immédiate, n’est pas susceptible de devenir autocratique. La glorification d’Oligui Nguema pourrait entraîner une nouvelle forme de dictature militaire au Gabon, qui serait encore plus difficile à déloger étant donné l’appui d’anciens activistes et de leaders d’opinion. En prenant position de manière aussi tranchée, Mrc Ona Essangui contribue à éclipser le débat démocratique qui devrait avoir lieu à ce moment crucial de l’histoire du Gabon. Plutôt que de stimuler une discussion ouverte sur les voies de la transition démocratique, son discours favorise une adhésion monolithique à un pouvoir central, coupant court à toute remise en question légitime de l’avenir politique du pays. Le danger ici est que ce soutien sans réserve installe une culture politique où la critique est perçue comme une menace à la stabilité, au lieu d’être une force motrice pour l’amélioration continue de la gouvernance. En validant ce type de pensée, Mrc Ona Essangui participe, peut-être inconsciemment, à la marginalisation de toutes les voix dissidentes, pourtant essentielles pour garantir une démocratie véritable.

    On comprend alors que ce discours de Mrc Ona Essangui pose un véritable problème d’incohérence idéologique, de suivisme aveugle et d’alignement avec des forces militaires qui pourraient bien transformer le pays en une nouvelle dictature sous couvert de stabilité. La dangerosité de ses propos réside dans leur capacité à masquer les réalités sous-jacentes du pouvoir en place, tout en minimisant l’importance du débat démocratique. Un « activiste » de sa trempe devrait rappeler que le pouvoir militaire, même justifié par des circonstances extraordinaires, doit être surveillé de près, et que la démocratie ne saurait être sacrifiée au nom de la stabilité. Le véritable rôle de Marc Ona Essangui aurait dû être celui d’un contre-pouvoir comme le présente Pierre Rosanvallon, appelant à des réformes véritables et à une démocratisation effective du Gabon, plutôt que de cautionner un régime militaire sans poser les questions essentielles sur la gouvernance et l’avenir du pays.

    ■Asect le plus troublant !

    Le fait que Mrc Ona Essangui parle en langue locale lors de ses interventions politiques, en particulier dans le contexte de sa sortie en soutien à Brice Clotaire Oligui Nguema, peut être interprété de plusieurs façons, notamment comme un moyen de manipulation et potentiellement de division du peuple gabonais. Voici une analyse des raisons possibles de cette stratégie linguistique et des dangers qu’elle pourrait représenter.

    1. Une manipulation émotionnelle et culturelle

    Lorsqu’un leader politique s’exprime en langue locale, il joue sur l’attachement émotionnel et culturel des populations à leur identité ethnique ou régionale. Ce choix linguistique peut avoir un effet puissant, en donnant l’impression d’un lien direct et authentique avec la population. En utilisant une langue locale, Mrc Ona Essangui veut se présenter comme un « homme du peuple », un leader qui comprend les préoccupations et les valeurs de ceux qui parlent cette langue. C’est une stratégie qui permet de toucher des cordes sensibles et de susciter une adhésion émotionnelle plus forte. Cependant, cette tactique peut également être une forme de manipulation, car elle fait appel à l’identité culturelle et ethnique pour détourner l’attention des véritables enjeux politiques. Le discours en langue locale peut ainsi servir à masquer les incohérences ou à éviter des critiques rationnelles qui pourraient émerger si le discours était formulé en français, la langue nationale commune à tous. Ce recours à la langue locale peut donc être une tentative de manipuler les sentiments des populations et de renforcer leur adhésion émotionnelle, plutôt que de susciter un débat critique sur les enjeux du référendum ou de la gouvernance. Ainsi, le recours à une langue locale dans le discours politique au Gabon, pays multiculturel et multilingue, peut également être perçu comme un facteur de division ethnique. Le Gabon est composé de nombreuses communautés linguistiques et ethniques, et le choix d’une langue plutôt qu’une autre dans un discours national peut être perçu comme un acte de favoritisme ou comme une tentative de marginaliser d’autres groupes.

    Si Marc Ona Essangui parle principalement à une communauté spécifique dans une langue locale, cela pourrait exacerber les tensions ethniques ou régionales, en créant un sentiment d’exclusion chez ceux qui ne partagent pas cette langue ou cette culture. Ce genre de stratégie peut attiser les divisions internes, et conduire à une fragmentation de la société gabonaise sur des lignes ethniques ou linguistiques. Cela serait particulièrement dangereux dans un pays où l’unité nationale est essentielle pour maintenir la stabilité et éviter les conflits internes. Dès lors, parler en langue locale peut également être un moyen de mobilisation ciblée. En s’adressant spécifiquement à une communauté ethnique ou régionale, Marc Ona Essangui cherche à assurer un soutien massif de cette population particulière, en la rendant plus réceptive à son message et en l’incitant à le suivre aveuglément. Cela peut être une tentative de créer un bloc électoral ou un groupe de soutien fidèle qui sera prêt à suivre ses directives sans remettre en question ses intentions. Cependant, cette approche peut renforcer les clivages sociaux, car elle donne l’impression que le discours politique n’est pas inclusif et qu’il privilégie certains groupes au détriment d’autres. Cette méthode peut générer des sentiments de méfiance et d’injustice parmi ceux qui ne sont pas concernés par ce discours en langue locale, alimentant ainsi les divisions au sein de la population.

    2. Le risque de détournement du débat politique

    Parler en langue locale permet aussi de détourner l’attention des vrais enjeux politiques en rendant plus difficile une large diffusion et analyse du message par la majorité du public national. Ceux qui ne parlent pas la langue utilisée dans le discours peuvent être exclus du débat, ou du moins avoir une compréhension partielle des intentions et des arguments avancés. Cela peut servir à éviter les critiques venant de l’extérieur de la communauté linguistique ou ethnique concernée, en créant une sorte de bulle politique autour du leader. Cela rend plus difficile la construction d’un débat national inclusif et transparent en cette période de transion, car l’opinion publique nationale ne pourra pas pleinement participer à l’évaluation du discours politique. Le choix de s’exprimer en langue locale, dans ce contexte, peut être perçu comme une tentative de cloisonner le débat et de protéger certaines propositions politiques de l’examen critique de la société dans son ensemble.

    Enfin, utiliser une langue locale dans un discours politique peut être une façon de renforcer un pouvoir autoritaire en divisant la population sur des bases ethniques et linguistiques. En encourageant des identités ethniques ou régionales spécifiques à s’identifier davantage à leur leader local, le pouvoir en place peut affaiblir l’unité nationale et rendre plus difficile la mobilisation d’une opposition unie. Dans le cas de Marc Ona Essangui et de son soutien à Brice Oligui Nguema, cette division pourrait affaiblir l’opposition à un régime militaire ou à des réformes potentiellement dangereuses. Si le peuple est divisé en factions ethniques ou linguistiques, il devient plus difficile de former un front commun contre les abus de pouvoir ou la manipulation politique. Cette stratégie affaiblit ainsi les capacités de résistance populaire en divisant pour mieux régner.

    ■Un discours caché de manipulation des masses

    Le fait d’obliger la population à dire “oui” au référendum reflète une volonté de contrôle des choix démocratiques par des moyens indirects, ce qui peut être interprété comme une forme de manipulation politique. Ce discours cache une intention de restreindre le pluralisme politique et de réduire au silence les voix dissidentes, sous couvert d’un consensus apparent. En imposant un choix unique — celui de dire “oui” — on élimine toute possibilité de débat ou de divergence d’opinion, ce qui est fondamentalement anti-démocratique.

    Ce comportement est d’autant plus dangereux qu’il présente l’apparence d’une démocratie participative, tout en neutralisant l’essence même du processus démocratique. Si le peuple est poussé à voter sans un réel choix, il ne s’agit plus d’un référendum, mais d’une confirmation forcée d’un pouvoir en place, réduisant ainsi la population à un rôle de figurant dans un jeu politique contrôlé.

    1. Le danger du populisme autoritaire

    Le discours d’Ona Essangui reflète une forme de populisme autoritaire, où l’on se sert de la volonté populaire de manière opportuniste pour légitimer un pouvoir autocratique. En appelant au “oui” unanime, il utilise la rhétorique de l’unité nationale pour étouffer le débat critique. Le danger ici est que cette approche populiste exploite les frustrations légitimes du peuple (face aux problèmes sociaux, économiques, et politiques) pour justifier un soutien inconditionnel à un projet référendaire qui n’a peut-être pas été conçu dans l’intérêt véritable des citoyens. Cela risque de créer une dynamique dangereuse où le peuple gabonais, sous la pression des associations comme OSSIMANE, est poussé à soutenir des réformes ou des changements constitutionnels sans en mesurer pleinement les conséquences. Le « oui » imposé devient un instrument de pouvoir, et non un acte de souveraineté populaire.

    2. L’effacement des débats démocratiques : une menace pour la souveraineté populaire

    L’un des risques majeurs de cette approche est l’effacement progressif des débats démocratiques. Obliger la population à dire “oui” au référendum revient à tuer dans l’œuf toute discussion sur les différentes options disponibles ou les répercussions de ce référendum sur l’avenir du Gabon. En réduisant le référendum à une simple formalité, on retire au peuple sa capacité à exercer un contrôle réel sur les choix politiques et les orientations du pays.

    Le référendum, qui devrait être un moment privilégié d’expression démocratique, se transforme alors en une mascarade politique où les résultats sont connus d’avance. Le véritable danger ici est que la population se retrouve piégée dans un système où elle est incapable de s’exprimer librement, avec un pouvoir qui prétend avoir son soutien sans permettre une réelle délibération. Cette dérive met en péril la souveraineté du peuple gabonais, car elle institutionnalise un modèle de gouvernance fondé sur la soumission plutôt que sur la participation éclairée des citoyens.

    3. Le jeu politique des associations : des relais du pouvoir

    Les associations, telles qu’OSSIMANE, jouent ici un rôle ambigu. Historiquement, les associations et organisations de la société civile ont été des contre-pouvoirs, des espaces de revendication des droits et de promotion de la justice sociale. Cependant, dans ce contexte, elles semblent être instrumentalisées pour légitimer un pouvoir militaire ou politique. Le soutien inconditionnel d’Ona Essangui à Oligui Nguema, sous couvert de la société civile, est révélateur d’un détournement du rôle originel des associations. Ce jeu politique est d’autant plus pernicieux que les associations apparaissent comme des intermédiaires entre le peuple et le pouvoir, se présentant comme des voix indépendantes et légitimes. Mais en réalité, elles peuvent servir de relais pour consolider l’agenda politique des élites, tout en se distanciant de leurs responsabilités vis-à-vis des citoyens qu’elles sont censées représenter. Ce mécanisme fausse la perception du peuple, en lui faisant croire que ses représentants dans la société civile agissent dans son intérêt, alors qu’ils pourraient en réalité participer à la mise en place d’un régime encore plus autoritaire.

    4. Le danger d’une fausse démocratie participative

    Le référendum imposé sous la pression des associations comme OSSIMANE est une illustration parfaite d’une fausse démocratie participative. Bien qu’il soit présenté comme un processus permettant au peuple de s’exprimer, il est en fait une mise en scène orchestrée pour légitimer des décisions politiques déjà prises. Ce type de manipulation est extrêmement dangereux pour l’avenir démocratique du Gabon, car il conditionne les citoyens à accepter une forme de gouvernance où leur voix est réduite à un simple instrument de validation des décisions des élites.

    Le référendum, s’il est utilisé de manière abusive, peut devenir un outil pour légaliser des réformes contraires aux intérêts du peuple, tout en donnant l’impression d’un processus démocratique. Cela peut conduire à une érosion des droits civiques et politiques, car une fois que les citoyens auront accepté de dire “oui” sans poser de questions, ils auront implicitement validé une structure de pouvoir qui pourrait restreindre leurs libertés.

    Conclusion : Un appel à la vigilance citoyenne

    Le discours de Mrc Ona Essangui, en demandant et obligeant la population à dire “oui” au référendum, dissimule des enjeux beaucoup plus sombres que ceux qui apparaissent en surface. Derrière l’appel à l’unité et à la stabilité se cache une tentative de contrôle et de manipulation de la volonté populaire. Les dangers pour le peuple gabonais sont nombreux : perte de souveraineté, effacement du débat démocratique, et institutionnalisation d’un régime autoritaire sous couvert de démocratie participative.

    Les associations, loin de jouer leur rôle de contre-pouvoir, risquent de devenir des relais d’un pouvoir politique oppressif, en manipulant le discours public pour imposer une vision unique. Le peuple gabonais doit donc rester vigilant face à ces manœuvres et refuser de se laisser instrumentaliser dans un jeu politique qui ne sert pas ses véritables intérêts. Le défi est d’exiger un processus référendaire transparent, démocratique, et ouvert à toutes les voix, afin que la volonté du peuple ne soit pas confisquée par les élites.

    Roch Foster BOULANGA

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