Depuis 2017, les services d’intelligence du monde étaient déjà en alerte car le Forum Économique Mondial et la Convention pour les Innovations en matière de préparation aux épidémie (CEPI) mettaient déjà en garde contre l’arrivée d’une pandémie.
Le 14 février 2020, était faite mention de manière officielle, du premier cas de coronavirus en Afrique, c’était en Egypte. Quelques semaines plus tard, l’épidémie touchait progressivement le reste des États africains.
Dès cet instant, la société civile, les chercheurs africains ont essayé d’affronter ce nouveau problème avec une approche endogène.
Ce sont d’abord les scientifiques béninois qui ont émis l’idée d’un remède local, puis les malgaches qui ont fait preuve d’un grand esprit d’initiative scientifique en proposant leur solution, le Covid Organics.
Cet enthousiasme n’a été que de courte durée puisque par la suite, les pouvoirs publics africains ont opté pour la politique de la main tendue.
On a encore en mémoire ce déferlement de dons de masques, gels sur le tarmac des aéroports du continent. Aujourd’hui ces flux se poursuivent avec les vaccins.
Mieux, l’attentisme des gouvernants africains traduisait un renoncement à l’investissement en matière de recherche scientifique, médicale mais surtout un manque de vision, de coopération et de prospective communes pour atteindre une souveraineté pharmaceutique.
Un choix plutôt suicidaire car si l’on part du principe que les virus existent depuis plus de 300 millions d’années, il n’est pas à exclure que le jeune continent soit appelé à faire face au même type de menaces que le Coronavirus dans les prochains années ou siècles.
Or, cette pandémie était l’occasion rêvée pour se réinventer, imaginer et dessiner les contours d’une nouvelle Afrique. Une Afrique au rendez vous des défis technologiques, scientifiques voire d’une révolution digitale.
Ceci d’autant plus que les pandémies ont souvent généré des révolutions chez les peuples comme ce fût d’ailleurs le cas au sein de l’empire byzantin avec la peste de 541-542.
D’ailleurs Cuba, pays de 11,2 millions d’individus, sous embargo a pu développer ses propres vaccins ”Abdala et Soberana” contre la Covid-19; lesquels vaccins sont déjà utilisés sur la grande île. Même chose pour le Kazakhstan avec son QazVaq, vaccin conçu par l’Institut Kazakh de recherche en biosécurité de Almaty.
Si le retard du continent dans le domaine scientifique apparaît désormais très clair, il faut noter que la fracture sociale va d’avantage se creuser à cause de la suppression de certains emplois et du chômage nés de la crise sanitaire.
Une fracture sociale source de tensions internes puisque la jeunesse africaine qui aspire à quitter le continent et qui se heurte désormais à des politiques d’immigration rigide, n’aura d’autre choix que celui de ” se soulever”.
En effet, des pays tels que le Danemark la Suède et l’Espagne sont entrain de revoir leurs principes du droit d’asile optant pour une politique ”d’immigration zéro”.
Par ailleurs, avec la digitalisation, le télétravail, la formation à distance, il sera de plus en plus difficile de se voir octroyer un visa pour l’Europe ou l’Amérique.
Par conséquent, les dirigeants africains et leurs stratèges qui n’ont pas mesuré l’enjeu qu’était le Coronavirus vont d’une part devoir subir les politiques des anciens et nouveaux maîtres du monde (Chine, États-Unis, Inde, Russie) et leur nouvelle ruée effrénée vers l’Afrique grâce à la diplomatie des vaccins et d’autre part la grogne d’une jeunesse sans perspectives.
Certes les États africains demeureront un membre de cet espace international d’interdépendance renforcée ; seulement, ils ne joueront qu’un rôle d’acteurs passifs.